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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 19:29

Merci JC

QUAND LA BÊTISE DES HOMMES DETRUIT L'ENVIRONNEMENT, NUL NE SAIT EN EVALUER LES DRAMATIQUES CONSEQUENCES.

C'EST DE CELA QUE NOTRE AMI VOUS INFORME

 

Ceci n'est qu'un extrait de ses merveilleux <Livrets>. Vous serez captivé par la beauté de ses textes et de ses photographies.

Son talent mérite bien plus qu'un simple regard, son analyse pertinente de la société actuelle vous captivera. Amoureux et défenseur de la nature, il ne cesse jamais son combat.

Prenez un peu de votre temps pour jouir d'un émerveillement éternel. 

Retenez bien ses coordonnées au bas de ce texte, car si un jour vous avez l'occasion de le rencontrer vous pourrez apprécier ses valeurs humaines et intellectuelles.

Ce site vous permettra de feuilleter ses carnets:  http://parnature.free.fr/web_acappella2/

Pourquoi je ne reviendrai pas vivre en « Entre-deux-Mers ».

 

Lettre ouverte à mes amis qui résistent au déferlement de la modernité en Gironde.

 

 

La terre de l’« Entre-deux-Mers » est un laboratoire des projets délirants de mes contemporains : épandages de déchets sur les terres arables, fabrication de zones d’activités en pleine campagne, pollutions des eaux, et cetera

 

La médiocrité exercée à l’échelle d’un territoire.

 

Cette région, réputée jadis pour ses vertus nourricières, est aujourd’hui la proie des entreprises de gestion des déchets les pires : les épandages de boues et d’ordures en tous genres sur les terres agricoles y sont monnaie courante, sous l’œil laxiste – voire incitateur – des pouvoirs publics, au premier rang desquels les instances agricoles.

 

Les projets d’infrastructures départementaux, régionaux et nationaux sur le secteur relèvent de manière claire d’un projet de dé-ruralisation du territoire et d’aménagement de ce dernier en termes de péri-urbanité. Que le projet d’observatoire photographique du Conseil Général de la Gironde ne s’intéresse qu’aux projets urbains et d’infrastructures en est une preuve frappante.

 

A part quelques espaces très restreints et très emblématiques, la place qui est laissée à la nature dans la région est particulièrement décadente. Le fait que les services départementaux de l’équipement déversent directement de l’herbicide dans une rivière classée Natura 2000 est une preuve manifeste parmi d’autres de la négligence des pouvoirs publics locaux dans la protection de l’environnement sur ce secteur.

 

Pour toutes ces raisons, il paraît évident que les élus girondins sont atteints d’une méconnaissance profonde et d’un grave manque de sensibilité à l’égard de la destruction de la nature et des paysages.

Pour le dire plus brutalement, ces « petits potentats de province dont la cupidité, l’inconscience et l’avarice déciment les générations futures »[1] n’ont rien à faire du pays dans lequel ils vivent. Sans doute serait-il injuste de leur laisser l’entière responsabilité de cette fumisterie, puisqu’ils n’ont pas été élus par le Saint-Esprit…

 

Mon attachement affectif à la région cède le pas à la réalité lamentable d’un pays qui fut jadis une terre sacrée, et qui est aujourd’hui la poubelle de la métropole bordelaise et la victime des intérêts financiers locaux qui n’ont que faire du patrimoine commun de ce pays qui se meurt.

 

Je ne reviendrai pas.

 

Je sais que mes amis fidèles regretteront ce choix.

Toi, Yves, qui combats depuis si longtemps cette vague de laideur et de vénalité, dont le désintéressement sera gravé dans la pierre des carrières qui soutiennent ta demeure…

Toi, Antonin, dont la tour de garde au-dessus de l’Engranne sera le dernier bastion cathartique qui dressera sa lenteur bienfaisante face à la fulgurance effrayante d’une humanité devenue folle…

Toi, Mickaël, qui découvriras la vérité astrale en posant les mains sur la terre sacrée dont ta famille extrait la boisson salvatrice, aux saveurs exultant la révolution de l’esprit, la sagesse et l’insurrection réunies…

Toi, Marcel, dont le calme sait voir l’indescriptible négligence et contempler, par-delà ses maux, la délicatesse de ce pays…

Vous, Colette, dont la persévérance et la perspicacité vous ont fait adopter le regard de lumière dont cette région a été si abruptement privée…

 

Vous toutes et tous, qui avez la force et la douceur de cet autel de nature fixé dans les cœurs, qui résistez à l’avarice et à la luxure contemporaines, vous serez déçus par ma décision.

Mais vous la comprendrez, car vous connaissez le sens du chemin que nous avons ensemble parcouru.

Vous saurez aussi voir en elle non un abandon, mais le signe de la nécessité vitale d’une résistance écartée de la tornade d’un progrès régressif.

 

La découverte tragique du sol souillé de mes ancêtres fut pour moi comme un destin lourd de sens. Que les plantes sauvages aient été à l’origine du dévoilement de cette chape de métal et de plastique qui fut si longtemps tue, est la trace révélatrice de mon devoir moral, celle d’une lutte sans merci contre le mensonge d’une société qui crache sur sa terre nourricière en prétendant la respecter.

 

C’est du dehors que je vous soutiendrai.

 

J’ai besoin de liberté. Elle ne peut se trouver dans ce carcan, entre les routes infernales de la construction et les dégâts irréversibles d’une vie sauvage que l’on éteint.

Vous, qui êtes de l’intérieur de cette terre que j’aurais aimé aimer en la touchant encore, ce n’est que d’une île de silence que je peux vous venir en aide.

Ici, comme ailleurs, règnent en maître la bêtise et l’insouciance. Mais l’excès de richesse a moins atteint la terre que dans ce bordelais pourri par l’opulence alcoolisée.

 

Au cœur d’un sanctuaire de nature et d’esprit, j’appelle vos consciences à s’élever contre la décadence laborieuse de ces parcelles de beauté qui n’ont pas encore été touchées par le béton vicieux.

 

Face à la déferlante barbare qui demain fera de cette terre un terrain vague habité par des êtres motorisés respirant l’air frelaté d’un goudron omniprésent, je vous invite à la défense intégrale et perpétuelle.

 

C’est de la solitude et de l’isolement que je m’insurge à vos côtés, par et pour la grâce du pays de mes ancêtres.

 

Il est trop tard pour que j’y vive. Il est encore temps pour que vous y surviviez.

 

Soyez les gardiens des racines de la terre et de l’esprit.

 

Avec vous, « je maintiendrai »[2].

 

Jean-Christophe MATHIAS

(photographe, conférencier et chercheur indépendant)

 

Paru dans « Les Cahiers de l’Entre-deux-Mers » N°92 (Janvier-Février 2010),

« Coup de gueule et cri du cœur », p. 12-13.

ISSN : 1252-5235

 


[1] Expression reprise à Georges Bernanos : « Ces petits potentats de province dont la cupidité, l’inconscience et l’avarice décimaient des générations de femmes et d’enfants. »

[2] Devise du maquis « Bir Hacheim », Armée Secrète N°18.

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commentaires

M
<br /> Merci pour cet hommage. La nouvelle adresse du site est la suivante: http://partnature.free.fr<br /> <br /> <br />
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