FANTAISIES de nôtre belle nature.
Un peu de curiosité, et nous découvrirons la finesse de ses tableaux.
Banal peut-être, cette bogue de châtaigne taquinée par le soleil, s’est étalée comme nous sur le sable de la plage.
Un côté pile, un peu hirsute, et un côté face, blanc comme notre corps aux premiers jours de beau temps.
Ses fruits, eux, bien bronzés ont régalé de nombreuses générations surtout dans nos familles campagnardes ;
Souvenirs inoubliables de ces soirées partagées avec nos voisins, pour se distraire en jouant aux cartes pour les hommes, le tricot en bavardant pour les femmes. Quant à nous, les enfants, pour les plus grands nous jouions au jeu de sept familles ou au pouilleux.
Les grands-mères racontaient des histoires aux plus petits, attentifs à tous les détails de ces histoires.
Bien souvent, assis devant la cheminée, attirés par le ballet changeant des bûches se consumant lentement, comme si elles voulaient nous enchanter jusqu’au jour levant.
Ces châtaignes grillées au feu de cheminée régalaient toute l’assistance.
Repas des pauvres, mais oh combien apprécié.
Aujourd’hui c’est un plat de riches, il suffit de voir le prix affiché sur l’étal.
Des centaines de kilogrammes sont perdues chaque année, parce que l’être humain est devenu paresseux, mais également, parce que de nombreux concitoyens les confondent avec le fruit du marronnier.
La cueillette était laborieuse parce que ce petit hérisson sympathique sait se défendre.
Alors, avec une jeune branche fourchue de son géniteur nous fabriquions un outil appelé localement une <mordache>.
Simple mais efficace avec un peu de dextérité, nous prenions la bogue entre les deux branches de cette fourche pour la déposer dans nos paniers en lames tressées.
Les châtaignes dispersées en chutant étaient mises dans un sac en toile de jute que les hommes chargeaient sur leur dos pour les ramener à la maison, les trier pour les vendre au marché de notre préfecture.
Le plus grand soin leur était réservé, pour les lustrer, elles étaient frottées avec une vielle couverture de laine.
Le monde rural de l’époque ne trichait pas, tout était naturel.
Aujourd’hui, difficile de faire goûter ces produits à notre descendance.
Demain, malheureusement, il sera trop tard parce que nos châtaigniers sont attaqués par des maladies et périssent très rapidement.
C’est un arbre imposant quand il vieillit doucement, il peut atteindre des circonférences impressionnantes, des hauteurs à faire tourner la tête.
Très apprécié pour la menuiserie, la fabrication de parquets, difficilement putrescible, il servait de tuteur pour les vignobles ou le jardinage, mais également pour des clôtures d’élevage.
Respectons cette nature qui, chaque jour, paie un lourd tribut, à ce changement climatique que nous avons tous accéléré.
Que sera notre belle France dans quelques années ?
Comment pourrions-nous revenir en arrière sans mettre en péril notre planète harcelée par un démon incontrôlable qu’est l’argent ?
Nous pouvons ralentir cette descente aux enfers, mais comment avoir cette force, nous ne connaissons pas ce lieu inhabitable ?
Bayard
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