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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 17:09

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LE PELE PORC

Cette coutume se pratique sûrement encore. Ce n’est pas un rituel associé à une croyance, ce n’est pas non plus le sacrifice d’un animal pour honorer une quelconque divinité. Dans notre monde de campagnards à revenus très modestes c’est le moyen d’agrémenter un peu les repas frugaux durant quelques mois de l’année.

Certaines familles de ceux que l’on surnomme <les culs terreux> ne pouvaient s’offrir cette menue pitance. Ce dernier terme peut à ce jour paraître déplacé, mais c’est le qualificatif approprié parce qu’il fallait partager cette nourriture avec toute la famille. Aujourd’hui, il est fréquent de trouver dans les poubelles pain, viande, légumes, fruits … alors que certains ne font qu’un maigre repas par jour.

La mise à mort de cet animal que l’on avait minutieusement nourri durant une longue année et parfois davantage, était l’occasion de s’unir avec les voisins qui prêtaient mains fortes.

L’élevage de ce cochon n’était pas une mince affaire, pour nous les enfants. Dès l’âge de sept ans, cette tâche nous était dévolue. Comme les êtres humains, certains spécimens étaient obstinément têtus, toutes les ruses étaient bonnes pour se soustraire à notre garde.

Il nous arrivait même de nous retrouver à califourchon sur leur dos parce qu’ils avaient brusquement fait volte-face, décrétant qu’à cet instant il ne voulait pas se rendre au bois pour se nourrir de glands ou châtaignes. Ces fruits cent por cent naturels qui leur donneraient une chair savoureuse.

Pas question à l’époque de les nourrir avec des farines animales, mais avec les céréales en provenance de nos cultures. A présent on qualifierait cela de produits qualité BIO.

Nos parents savaient bien que cette culture raisonnée était la seule à satisfaire notre palais et tout notre organisme.

Pour cela au moins nous nous devons de leur rendre hommage.

On dit souvent qu’il faut vivre avec son temps, c’est bien cela que nos parents et grands-parents faisaient.

L’application des règles élémentaires et de leurs connaissances suffisaient pour mener à bien les tâches qui aujourd’hui paraissent insurmontables.

La conservation des denrées alimentaires ne bénéficiait pas de la technique du froid. C’est pour cela que la période hivernale était choisie pour s’acquitter de cette tâche.

La cuisine du cochon nécessite le savoir faire transmis de génération en génération.

Le dosage de tous les éléments était mémorisé dans leurs têtes. Cette mémoire nous interpelle,

parce que cette cuisine n’était pas quotidienne mais unique deux ou trois jours en fin ou début d’année.  

La salaison principalement méritait une particulière attention parce qu’elle devait assurer la bonne conservation et donc la nourriture de toute la famille. Ces hommes et ces femmes, pour deux ou trois jours devenaient des bouchers, des charcutiers, des cuisiniers, une polyvalence insouçonnée. Voilà encore de quoi surprendre.

Jambons, ventrèches, lards, saucissons, boudins et <miques > …bénéficiaient de toutes les attentions de ces merveilleux amateurs. Placés dans un saloir pour une durée bien déterminée,puis pendus au manteau de la cheminée pour lancer le séchage. Ensuite, ils étaient accrochés aux poutres de la pièce réservée à la vie en famille.

Ventrèches, lards, saucissons, boudins les rejoignaient.

Cette nourriture alléchante faisait vibrer nos papilles d’enfants, parce que nous savions déjà que nous allions nous régaler.

Mais une coutume veut aussi que les prêteurs de mains fortes soient récompensés. Malgré que la totalité de cette nourriture serait à peine suffisante pour la famille, une part leur était donnée. Elle portait le nom de <Présent>.

Notre résignation était consentie sans contrainte, parce que nous étions déjà éduqués pour cela.

Savoir épargner, surtout la nourriture était une condition essentielle pour notre équilibre général.

C’est peut-être pour cela, qu’il m’est difficile de vivre au temps présent, parce que le gaspillage généralisé offense tous ceux qui ne mangent pas à leur faim.

 

Cet article reflète la vie paisible d'un petit village des Pyrénées (65) avec les montagnes enneigées qui confirment l'époque choisie pour ce <Pèle Porc>

 

 

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