La Main,
Cette main tendue, je ne sais plus la voir,
Car elle n’est là que pour recevoir.
Alors qu’elle devrait- être comme un miroir,
Pour rendre fidèlement l’image de l’espoir.
Il y a celle touchante du bébé,
Avec ses petits doigts autour du mien crispés,
Mais une main n’est rien sans l’appui d’un regard,
On sent déjà en elle ce qu’elle sera plus tard.
Au cerveau elle est intimement liée,
Pour recevoir des ordres qu’elle devra trier.
Demain que fera-t-elle de ses doigts ongulés,
Ecrira-t-elle un poème de mots d’amour imprégné ?
Saura-t-elle tenir un fusain, un pinceau pour immortaliser,
Ce visage, cette fleur de senteur embaumée ?
Prendra-t-elle entre ses doigts ce marteau pour façonner,
Ce fer rougi par la forge embrasée ?
Saura-t-elle de son doigt montrer,
Celui qu’elle aura choisi et ainsi le désigner ?
Pourra-t-elle, tendrement, ce corps caresser,
Pour une chaleur humaine lui apporter ?
Donnera-t-elle à ce modeste chemineau,
Un peu d’amour dans un verre d’eau ?
Prendra-t-elle conscience du bonheur qu’elle aura,
Quand une autre main, à son doigt, un anneau passera ?
Le jour viendra ou elle sera fatiguée,
Par toutes ces attentions données,
Alors, comme à cet instant avec le nouveau-né,
Elle prendra mon doigt de sa main qu’elle ne saura plus desserrer.
Bayard, 11-01-2011