BAREGES (65). Impitoyable Nature

BAREGES (65). Impitoyable Nature.

L’histoire démontre que cette petite commune de montagne a subi l’attaque de nombreuses avalanches.

L’hôpital militaire a été endommagé a plusieurs reprises. Ainsi, dans la nuit du 1^er au 2 janvier 1968, une avalanche avait bouché le BASTAN provoquant la crue de ce dernier.

Bloqués dans les boîtes de nuit par la montée des eaux, les joyeux noctambules ne durent leur salut qu’à l’organisation exemplaire des secours.

Le 31 janvier 1986 encore, une avalanche de poudreuse détruisit un bâtiment de la station.

Les phénomènes se reproduisent toujours à l’endroit où ils se sont produits. (Antoine HURANT).

Il n’y a pas de fatalité, rien n’est totalement imprévisible ; mais avec le temps la mémoire s’estompe, nous avons tendance à oublier. Je ne suis pas certain que les phénomènes même anciens fassent réellement l’objet d’un oubli. (J.P METAILIE).

Il faut plutôt considérer que la logique d’occupation des sites implique l’acceptation de risques épisodiques. La mémoire est sélective. Dans la mentalité montagnarde, on n’aime pas faire état de certains éléments qui éveilleraient la curiosité d’étrangers.

Cette réflexion n’est pas seulement valable pour ce genre de phénomène, il en est de même des accidents de la route. Et puis la mémoire s’en va avec le décès de ceux qui ont vécu ces faits, et la nouvelle génération ne peut en être imprégnée.

Peut-on anticiper l’apparition de ce phénomène d’avalanche ?

Notre esprit en est capable, mais, ce dont il n’est pas capable, c’est d’avoir l’intime conviction de la réalité.

En conséquence, le doute dicte le comportement à afficher au regard de l’importance des conséquences.

La concomitance des éléments naturels de ces derniers jours ne pouvait laisser place à l’incertitude.

L’orientation des massifs environnants, récepteurs de ces abondantes chutes de neige poussées violemment contre leurs flancs ont provoqué une accumulation très importante sur ces versants à fort pourcentage de pente. Le glissement de cette masse était inéluctable.

L’estomac saturé de la montagne n’a pu digérer cette excessive nourriture blanche qu’elle a restituée et déversée sur le village.

Le dénouement est satisfaisant, aucune perte humaine n’est à déplorer.

Le caractère du montagnard et son moral d’acier auront tôt fait de minimiser cet épisode de leur vie pour qu'il devienne comme les autres, un lointain souvenir.

Attachés à ces paysages sublimes, à leurs coutumes ancestrales qui méritent notre meilleure attention, à leur silence plus éloquent que toutes les plaidoiries, à ces gestes que l’on croirait être de la préhistoire, ils sont prêts à payer de leur vie tout cela parce qu’ils sont convaincus qu’il n’y a pas un monde meilleur ailleurs.