DEMAIN le long voyage.
Comment peut-on imaginer en voyant ce vol d’hirondelles que l’automne vient d’arriver.
Jean FERRAT
Depuis ma jeune enfance, je suis fasciné par le cérémonial du départ des hirondelles.
S’il m’arrive d’oublier que le 22 septembre est proche, elles sont là pour me le rappeler.
Si banal soit-il, ce cérémonial est là pour préparer minutieusement tous les détails.
Pour certaines c’est le retour, pour celles qui sont nées ce printemps, c’est le départ vers une destination inconnue avec tous les dangers que cela peut comporter.
Protectionnisme peut-être, mais c’est surtout vers ces dernières que vont mes pensées.
N’avons-nous pas un pincement au cœur quand nos enfants quittent la maison familiale ?
Ces oiseaux si familiers sont tellement attachants et si vulnérables que nous aimerions les garder totalement près de nous. Ils vivent en communauté avec une telle aisance que les humains pourraient leur envier.
Peut paraître banal de regarder ces oiseaux se rassembler et voler en tous sens comme s’ils cherchaient la direction à prendre, puis se poser en rang serré sur les fils électriques mais très rarement sur les arbres.
Pourtant, dans leur comportement et leur langage, les plus aguerris prodiguent recommandations et conseils.
Pour mon épouse et moi-même, cette année ces préparatifs nous paraissent exceptionnels.
Ce samedi 19 septembre la nappe des fils électriques jouxtant notre terrain est colonisée par des centaines d’oiseaux, disposés en rang d’oignon, tous dans le même sens.
Quand ce ballet fut terminé, pendant quelques minutes un grand silence se fit comme pour se recueillir.
Soudain, c’est pour nous l’incroyable surprise, tout ce petit monde se met à tournoyer au-dessus de nos têtes comme s’il voulait nous lancer un message. Virevoltant en tout sens avec un discret gazouillis, puis, soudainement ce petit monde se pose sur nos arbres fruitiers. Stupéfaits, nous sommes figés, médusés nous n’osions même pas tourner la tête.
Mais que se passe-t-il donc pour mériter un tel hommage ? Que signifie ce comportement inhabituel ? Existe-t-il une sincère complicité à notre égard ?
Trop de questions sans réponses, emportées dans leurs bagages vers d’autres paysages.
Si ce départ pince un peu mon cœur c’est un peu parce que demain le ciel sera vide, mais surtout je pense à mon retour d’école avec son lot de curiosité que la nature généreuse nous offrait. Dans quelques jours à peine notre ciel sera à nouveau occupé par la migration des palombes.
Aujourd’hui les enfants n’ont plus droit à cette éducation ; ils reviennent rapidement à la maison enfournés à la hâte dans une voiture avec pour ciel au-dessus de leurs têtes la carrosserie du véhicule.
Que vont-ils faire à présents, rapidement cloîtrés dans la maison ? Jeux vidéo sur leur console ou DVD pour la télé.
Bravo chers parents, vous pourriez tout au moins leur dessiner une hirondelle.