Les êtres vivants pensent trop souvent qu'ils sont les seuls êtres vivants et se comportent comme s'ils étaient supérieurement
intelligents et sensibles aux évènements émotionnels.
Certes quand des drames se produisent à l'autre bout de l'hexagonne et qu'ils sont relatés par les informations, les plus sensibles d'entre-nous sentent leur gorge se nouer et lâchent quelques
larmes.
Par absence d'informations, ce comportement n'apparaît pas chez les autres êtres vivants.
Pourtant, le récit suivant en étonnera beaucoup d'entre nous.
De nombreux oiseaux nichent dans notre enclos peut être parce qu'ils se sentent protégés et alimentés en toutes saisons.
Les tourterelles Turques affectionnent un résineux planté non loin de la fenêtre de notre chambre. Elles y ont fabriqué leur nid ou un jeune oisillon prêt à s'envoler passait une des dernières
nuits avant son envol.
Alors que nous dormions d'un profond sommeil tout en rêvant peut être d'un monde sans cruauté, un autre être vivant à ôté la vie de cet oisillon.
En ouvrant ma fenêtre au petit matin, comme à l'accoûtumée, le couple des parents était sur le toit voisin épiant mon comportement.
Il était là, les plumes ébouriffées, avec un comportement tristement agité et me regardait intensément comme pour vouloir m'informer de la mésaventure qui venait de les frapper. Je compris
plus tard le message quand je vis le nid tombé à terre et le sol jonché des plumes de l'oisillon.
C'est alors qu'à ma grande surprise, le couple se mit à tournoyer au-dessus de ma tête et se poser sur le résineux à deux mètres à peine.
Il me regardait intensément comme pour m'implorer de leur rendre leur progéniture.
Je fus pris d'une profonde émotion, ne trouvant pas le comportement qui puisse lui faire comprendre mon impuissance devant cet acte inqualifiable dans le monde des humains.
Alors, je pris délicatement le nid et le reposais à son emplacement, je rammassais les plumes de l'oisillon et les fis disparaître.
Plusieurs jours durant, le couple m'accompagna dans mes déplacements au potager, se posant sur le pommier à portée de ma main. Ma présence semblait le rassurer.
Parfois il restait des heures entières sur la même branche, blotties l'une contre l'autre comme pour mieux supporter leur peine, leur détresse.
Les jours ont passé, je les ai vues alors s'accoupler de nouveau et construire un autre nid.
Parce qu'ils sont dénudés de toute sorte de violence, qu'ils ne soupçonnent pas le danger qui les guette, ils commettent les mêmes erreurs d'appréciation favorables aux prédateurs.
L'équilibre sur cette terre s'opère malheureusement trop souvent par la perte d'un être qui nous est cher.