CONTEUR Peter WOHLLEBEN.
Comment s’organise la société des arbres.
Les forêts ressemblent à des communautés humaines. Les parents vivent avec leurs enfants, et les aident à grandir. Les arbres répondent avec ingéniosité aux dangers. Leur système radiculaire, semblable à un réseau internet végétal, leur permet de partager des nutriments avec les arbres malades mais aussi de communiquer entre eux. Et leurs racines peuvent perdurer plus de dix mille ans…
Prodigieux conteur, Wohlleben s’appuie sur les dernières connaissances scientifiques et multiplie les anecdotes fascinantes pour nous faire partager sa passion des arbres.
Après avoir découvert les secrets de ces géants terrestres, par bien des côtés plus résistants et plus inventifs que les humains, votre promenades dans les bois ne sera plus jamais la même.
Mes lecteurs le savent, je suis un passionné de la nature, attentif à sa vie, à ses multiples transformations qui demandent beaucoup de patience et d’attention. Elle m’a beaucoup appris, c’est pour cela que ce livre m’inspire, cet article n’est pas élogieux pour cette forêt humaine où beaucoup d’entre nous ne trouvent plus leur place.
Nous connaissons plus ou moins bien les origines de notre création. Nous pouvons penser que les arbres et les plantes sont venus en même temps. Pourquoi ? Tout simplement parce les arbres nous nourrissaient par leurs fruits, les autres plantes par leurs racines ou leurs feuilles.
Je constate que l’être humain a de tout temps dilapidé le trésor qu’il a reçu à sa naissance, il a renié l’intelligence naturelle pour s’aventurer vers ce l’on appelle aujourd’hui l’intelligence artificielle.
Nous constatons aujourd’hui que nos arbres, avec leur intelligence naturelle vivent pour le moins, de cinq à dix fois plus vieux que l’humain. Ils se soignent naturellement et cela leur donne cette longévité que certains d’entre nous voudraient avoir.
Il dit dans son ouvrage que les parents vivent avec leurs enfants, et les aident à grandir.
Quand ils les jugent aptes à se débrouiller ils s’éloignent pour ne pas tomber dans le domaine de l’assistance perpétuelle qui fait de nos enfants des êtres incapables de se suffire.
Dans une forêt, la hiérarchie est respectée, c’est loin de l’être au sein de nos familles. L’enfant roi est le caïd au sein de cette famille et cherche avec des heurts répétés à obtenir la domination.
Les maîtres des écoles ne sont plus respectés, pas davantage écoutés, c’est ainsi que l’on constate la terrible carence en connaissances de notre progéniture. Chaque année scolaire les éloigne des programmes de l’année suivante parce qu’ils sont inattentifs et persuadés que leur comportement est le meilleur.
On assiste à des polémiques absurdes comme celle qui consiste à définir les rythmes scolaires, quatre jours ou quatre et demi.
Les difficultés de garde des enfants a toujours existé, rappelons les kilomètres que nous faisions seuls à pied pour regagner notre domicile. Un domicile ou personne ne nous attendait, nos parents vaquaient à leurs occupations. Quand nous avions des devoirs à faire ou des leçons à apprendre, c’était seul que nous apprenions.
Dans le monde de la forêt, je ne sais s’il y avait des cours pour préparer les petits arbres à leur vie future, toutefois, il existait et existe encore ce respect des arbres parents. La hiérarchie chez eux est l’attitude principale, une discipline d’armée les différencie de notre comportement.
Ils ont su, dans ce domaine également, s’appuyer sur leur intelligence naturelle qui prévaut sur notre intelligence artificielle pour la simple et bonne raison que cette dernière n’existerait pas si nous n’avions pas pris en compte la première.
En matière de reproduction des espèces, malgré cette intelligence naturelle que nous qualifions péjorativement de primaire, ils ont su faire face à ce que nous appelons la démographie. Ils sont arrivés à cela avec deux actes simples, en limitant les fruits fécondables, à deux, trois années et plus de carence, ou mieux encore en les privant d’éléments indispensables à leur éclosion.
J’en ai moi-même fait l’expérience avec les fruits des cormiers, des chênes, des noyers et des châtaigniers.
Ils savent préserver les ressources naturelles mieux que nous, parce qu’ils savent qu’elles sont indispensables à leur bien-être et leur survie.
Ils économisent l’eau quand les périodes sont déficitaires, la mettre en réserve par des procédés que nous jugeons archaïques mais efficaces.
Un exemple édifiant, nos réserves d’eau par des barrages sont construits dans des zones particulièrement ensoleillées donc génératrices d’une évaporation excessive. Nos excédents sont dirigés vers des rivières qui se jettent dans les mers salées et deviennent inconsommables. Que fait-on alors ?
On les traite alors pour extraire le sel, tout en leur ôtant les minéraux indispensables.
Ce procédé n’est pas gratuit en utilisation de l’énergie du sous-sol. Une aberration en gestion des énergies fossiles.
Ces arbres savent aussi soigner leurs blessures, leurs maladies dont de nombreuses viennent du comportement humain envahi par cette intelligence artificielle qui produit des pesticides, des engrais et d’autres poisons qui détruisent oiseaux et insectes protecteurs. Voilà encore un triste constat.
Ces arbres êtres vivants, subissent des mutilations par ces terribles machines, fabriquées par cette même intelligence destructrice.
Nous sommes tous responsables par notre consommation de bûches réalisées à l’aide de troncs et de branches broyées auxquelles on ajoute des liants chimiques dangereux pour la forêt et les êtres vivants.
Quel humain pourrait supporter le broyage de ses bras alors qu’il est encore dans la pleine force de l’âge ?
La forêt assiste impuissante à la folie humaine dépourvue de la sage intelligence naturelle.
Demain quand nous ne verrons plus ces majestueux monuments feuillus, quand nous ne pourrons plus bénéficier d’une ombre salvatrice, l’intelligence artificielle ne sera plus là pour venir à notre secours.
Nous périrons comme une limace au soleil, grillés en nous tortillant en tous sens.
L’intelligence artificielle sera impuissante parce qu’il lui manquera cette humilité qui fait la force de tout être vivant.
Bayard