Il est important de situer géographiquement la zone incriminée dans l’article qui suit. Elle prend son origine au carrefour giratoire implanté à la sortie de la commune de BELLEBAT sur la RD 671 et s’étend jusqu’au carrefour avec la RD 236 en direction de CESSAC.
Avant de plonger dans le vif du sujet, je crois qu’un rappel de certaines dispositions est à faire, même si aujourd’hui, elles paraissent désuètes.
Elles sont tirées de l’AIDE-MEMOIRE des CONDUCTEURS des PONTS et CHAUSSEES, AGENTS-VOYERS, ETC. éditées par la LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE en 1917.
Dans cet ouvrage, on trouve tous les éléments qui donnent les caractéristiques à respecter pour la création et l’entretien des routes.
Je citerai principalement une partie concernant l’entretien des routes.
Une circulaire ministérielle du 25 avril 1839 fixe d’une manière générale les mesures à suivre pour l’entretien des routes. Ces instructions peuvent être consultées avec fruit, bien qu’elles ne paraissent pas donner assez de détails sur les différentes mains-d’œuvre que nécessite l’entretien d’une route.
Deux ingénieurs en chef ont créé une instruction pratique très détaillée. Dont voici quelques extraits qui me semble-t-il sont encore d’actualité mais malheureusement oubliés.
« Au moment de la fonte des neiges, pendant la pluie ou lorsqu’il a plu assez pour faire supposer que des désordres se sont produits dans les voies d’écoulement des eaux, le cantonnier parcours son canton muni de la pioche et du balai.
Avec le balai, il chasse l’eau des flashes existant sur la chaussée et les zones décapées qui la bordent ; avec la pioche, il nettoie les « saignées » et en ouvre de nouvelles, soit dans les zones qui seraient rouagées, soit dans les accotements et les trottoirs.
Il désobstrue les aqueducs sous la route et les gargouilles sous les trottoirs, débarrasse les caniveaux, notamment dans les pentes ; empêche, par des rigoles et par des bourrelets faits à propos, l’eau de couler sur la chaussée et la ramène au pied des bordures des trottoirs ou dans les fossés.
Je ne vais pas réécrire tous les paragraphes de cet ouvrage dont l’ébouage, l’époudrement, la construction et réparation des chaussées d’empierrement avec toutes ses méthodes, toutes aussi rationnelles, ramassage des feuilles en automne, déblaiement des neiges, gazonnements et tant d’autres activités en relation avec les voies de circulation.
Toutes ces activités devraient, encore aujourd’hui, être maintenues, certes avec des moyens mécanisés.
Force est de constater que la mécanisation n’a pas permis de remplacer l’homme, tête pensante , capable d’initiatives.
Ces dernières sont aujourd’hui interdites parce qu’elles ne correspondent pas à la budgétisation et au monde financier.
Le texte de mon article sera accompagné de clichés pris in situ, ils donnent un aperçu des dégâts.
Il faut se poser plusieurs questions, notamment celle qui a conduit les techniciens de la DDE à pratiquer ce « massacre des accotements ».
Le revêtement de cette chaussée a été réalisé ces dernières années, quatre peut-être.
La méthode devenue courante du revêtement bicouche a été appliquée.
Cette méthode est pour moi la plus irrationnelle qui puisse être, elle consiste à étaler sur la chaussée existante une couche liquide de bitume, de projeter des graviers concassés qui viennent s’agglomérer au bitume.
Cette procédure est absurde parce qu’aucun délai de fixation ne semble prescrit, preuve en est que les véhicules peuvent reprendre leur cours très rapidement.
Que se passe-t-il réellement ?
Une importante quantité de ce gravillonnage disparait de la chaussée et finit sa course sur les accotements et les fossés.
Le problème le plus grave, est que ce revêtement, soumis prématurément aux pressions des véhicules se déforme pour créer une déformation immédiate et permanente de la chaussée, se traduisant par un caniveau longitudinal de chaque côté de la chaussée.
Cela, quand il pleut, permet la stagnation de l’eau et son infiltration qui vient désagréger la partie inférieure du revêtement, le rendant vulnérable.
Ce phénomène se trouve accentué par la retenue des terres des accotements qui, par absence de « saignées » indispensables à l’écoulement de ces eaux vers les fossés favorisent la destruction du socle.
Que dire de l’entretien de ceux-ci, si ce n’est qu’il est pratiquement inexistant.
Ils sont obstrués par les déchets issus du Giro broyage des accotements et de la naissance d’arbustes.
La mécanisation montre là ses effets pervers.
Les techniciens ont fini par constater et admettre la présence de cette déformation inquiétante de la chaussée qui peut-être à l’origine de sorties de route notamment pour les poids lourds de hauteurs importantes.
Ces véhicules penchent vers ces accotements, et se trouvent en déséquilibre.
Les conducteurs de ces véhicules sont dans une conduite inconfortable qui augmente la fatigue donc les risques d’accidents.
Pour pallier à ces problèmes, ils se déportent vers l’axe de la chaussée, le franchissent, réduisant ainsi la demie chaussée inverse, à tel point que ces derniers véhicules sont souvent obligés de s’arrêter.
Le but d’une chaussée n’est-il pas celui de favoriser le déplacement en toute sécurité de tous les véhicules ?
Pour tenter de remédier à cette situation, les techniciens de la DDE ont procédé, mécaniquement à l’arasement longitudinal des accotements.
Ils ont, de manière irrégulière, décalotté les accotements sans se soucier du déblaiement des terres et gravats créés par cette opération.
Plus grave encore, ils aggravé les écoulements vers les fossés.
En un mot, ils ont voulu créer une saignée longitudinale sans effets.
C’est ainsi que vous pouvez le constater sur mes clichés.
Un bilan très négatif ressort de ces travaux :
-du point de vue technique, pas d’amélioration de la situation bien au contraire
-du point de vue financier, un gaspillage des fonds publics par les heures de travail non productives, par une consommation inutile de carburant
- du point de vue écologique par la pollution engendrée par le matériel utilisé.
- du point de vue qualité du travail, qui aggrave le risque des accidents. Sur ce point, j’ai constaté une réaction bizarre d’un conducteur de poids lourd qui a brusquement freiné à la découverte d’une bordure de chaussée mal définie du fait de ces travaux..
Le problème de cette RD 19 est révélateur de situations qui méritent d’être élucidées.
Nombreuses sont encore les question qu’il est urgent de se poser.
Alors que, de très nombreuses RD du secteur soient soumises à ce même problème, notamment la RD 236 où la RD 119, il légitime de se demander pourquoi cette intervention s’est limitée à la RD 19 ?
D’autres problèmes, tout aussi importants se révèlent.
Pourquoi, sur cette même portion allant du rond point de la 671 vers la RD 236 , trois intersections ne sont pas signalées ?
Pourquoi les « saignées d’évacuation » sont-elles inexistantes ?
Pourquoi, le profil transversal ne semble pas respecter les normes sur la RD 119 ?
Pourquoi, les riverains ne sont pas contraints d’entretenir les fossés longeant leurs parcelles.
Tous ces problèmes sont négligés.
Alors, les pouvoirs publics, pour se donner bonne conscience ont opté pour un abaissement de la vitesse normalement autorisée. Les panneaux de limitation à 70 km/h ont fleuri un peu partout.
Ainsi ils se dégagent de leurs responsabilité et la transfère sur les usagers. Ce ne sera plus l’entretien des chaussées qui sera en cause mais l’absence de respect de cette limitation de vitesse.
Là, encore on a occulté tous les méfaits de cette disposition.
L’incohérence et l’irresponsabilité sont devenues les maîtres mots d’une crise sans précédent.
Que sont devenus, ces techniciens de la DDE, dont la renommée n’était plus à faire, de ces agents particulièrement enthousiasmés par leur travail, de cette conscience professionnelle exemplaire ?
Mon article est une plaidoirie pour que l’on prenne conscience qu’en laissant faire sans rien dire, nous construisons un avenir irréversible.
Pour ma part, je ne veux pas être de ceux-là.
BAYARD