Quand nous quittons un pays, une région, son village, nous mourons tous un peu parce que nous abandonnons une partie de notre passé.
Nul ne peut rester insensible au drame qui frappe ce pays.
Emprisonné entre deux grandes puissances, serré par l’étau les montagnes les plus hautes de notre planète, animé par une culture de croyances et de traditions, il vit au rythme du temps et des contraintes climatiques.
Parce que sa principale richesse naturelle est devenue le tourisme de montagne et la contemplation de ses monuments ancestraux, il subit un déferlement de visiteurs vagabonds et indifférents aux conditions de vie que nous jugerions de miséreuses en France.
Ce comportement les blesse parce qu’il est contraire aux valeurs humaines telles qu’ils les conçoivent.
Cette catastrophe met en lumière la désapprobation des méthodes des secouristes occidentaux, perceptible dans l’attitude des autorités népalaises.
Notre culture occidentale ne nous permet pas de considérer la leur à sa juste valeur.
Nous ne pouvons pas également comprendre et évaluer la force réactive de ce peuple parce que nous sommes habitués à un assistanat permanent qui inhibe et paralyse réflexions et actions. Pour eux la survie est un acte quotidien tout comme l’esprit de solidarité qui les anime.
Ce séisme les a frustrés parce que leurs implorations non pas été entendues.
Ces croyances font partie de leur quotidien, comme elles l’ont été pour nous durant des siècles. Ils savent partager en parfaite intelligence tout ce qui permet le bien vivre ensemble, acte que nous ne savons pas pratiquer en France, en est pour preuve le comportement des communautés vivant sur notre sol.
Ce séisme était-il, envisageable, prévisible et maîtrisable ?
Je ne le crois pas.
Parce que le nombre d’inconnues de l’équation est indéfini, nul ne saura et ne pourra résoudre les problèmes posés par l’univers terrestre.
Les tragédies se succèdent et touchent progressivement toutes les régions du globe.
Le récent tsunami provoqué par un tremblement de terre a perturbé la planète entière et cela personne ne peut en mesurer les conséquences supportées par les autres éléments et notamment l’équilibre déjà fragile des plaques immergées ou souterraines.
Des villes et villages sont rayés de la carte, le profil géographique des régions est modifié.
Quelle sera la nouvelle image de la chaîne himalayenne ?
Le toit du monde aurait-il augmenté ou perdu de l’altitude ?
Ces avalanches auront-elles constitué des barrages naturels et créé de nouveaux lacs ? L’anticipation immédiate devrait permettre de détecter de telles situations et éviter que la population dispersée ne soit prisonnière de la montée des eaux.
Ce pays a-t-il les moyens nécessaires pour mener ces investigations ?
L’effet domino provoqué par tous ces déchainements successifs est probable.
Après le tremblement de 1934 dans ce même pays, nos scientifiques ont constaté des situations perturbées inattendues dans plusieurs régions du globe.
A cette époque, ils n’avaient pas de matériel perfectionné pour analyser les conséquences de ce tremblement qui fit de très nombreuses victimes.
Le perfectionnement du matériel n’est pas suffisant pour anticiper et prévenir de tels chambardements.
Aucune technique de construction ne sera jamais capable de résister à une telle puissance de masse en mouvement.
L’homme est en éternelle recherche d’exploits, aller sur le toit du monde en est un, c’est un plaisir dont on rêve, mais dont on ne sait pas mesurer la valeur du danger.
La tragédie est permanente à tout instant de notre vie, est-ce raisonnable de la rechercher ?
La belle nature n’a pas que sa tenue de parade, elle détient des pièges multiples.
Mourir pour un plaisir éphémère est-ce bien raisonnable ?
Bayard.