Il a fallu que les élus locaux fassent un choix dans les propositions fournies par les représentants du gouvernement. C’est donc chose faite.
La réduction de moitié du projet initial est retenue.
La première question que je pose : cela suffira-t-il pour apaiser les deux camps ?
La mort tragique d’un opposant n’est pas effaçable.
Des constations, des réflexions et des questions il y en a à foison.
La démesure semble être un des principaux défauts du citoyen français, on peut même affirmer qu’il croit avec la raison sociale de l’individu.
Il a fallu construire le Concorde, le plus beau des supersoniques, construire Le France, plus beau des bijoux de la marine marchande. Tous deux n’ont intéressé personne et ont fini si tristement, si bien que pour ce dernier, une magnifique chanson lui a été dédiée.
SIVENS était dans le même cas.
Si la folie des grandeurs ne s’arrête pas, on construira un barrage de l’océan Atlantique jusqu’à la Suisse pour arroser les terres du sud et noyer la terre et les hommes du nord.
J’ai écouté attentivement les arguments des uns et des autres parce que les hommes, la terre et sa nature me passionnent.
Je constate principalement que la nouvelle génération de cultivateurs et d’éleveurs est devenue comme les plantes qu’ils cultivent, des produits OGM.
Tout raisonnement logique que nos anciens avaient a été laminé par l’agriculture des technocrates.
Jadis, toutes les évolutions constatées étaient le fruit de l’observation et de la durée de réflexion. J’ai longuement pris le temps d’écouter un jeune éleveur qui prenait la succession de son père. Il disait que pour pouvoir vivre normalement du fruit de son travail, il fallait augmenter le nombre de têtes de bétail et que malgré cela, il lui fallait l’aide de l’Europe qui lui versait la PAC. Plusieurs milliers d’euros lui étaient versés à l’hectare.
La tentation du diable est forte.
S’il y a accroissement du cheptel, il faut un accroissement de la surface des prairies, donc l’achat de parcelles nouvelles qui seront également soutenues par l’Europe.
Voilà un raisonnement insensé et malhonnête parce que le consommateur va payer deux fois.
Il lui fallait également augmenter la capacité de l’étable, mettre aux normes son aire de stockage du lisier, moderniser son outillage pour compenser l’absence de personnel nécessaire au bon fonctionnement et à la rentabilité de l’exploitation.
C’est ainsi que le surendettement intervient provoquant ces séries de suicides des exploitants emprisonnés dans la nasse.
Concernant ce barrage de SIVENS, il clamait haut et fort qu’il était indispensable parce que les étés successifs étaient trop chauds et trop secs.
Historiquement, a-t-il un seul instant recherché si ce phénomène avait touché son père ?
Je ne le crois pas parce que ce dernier lui aurait rappelé l’épisode de l’été 1976.
J’en conviens, le climat à bien changé durant ces cinquante dernières années, mais son implication dans le problème rural est infime.
Il faut donc répertorier tous les autres éléments bien plus graves, et pour lesquels il y a des solutions.
Il oublie de dire par exemple que l’augmentation de la superficie des prairies entraine une augmentation de l’eau nécessaire à l’irrigation, à l’abreuvage des animaux dont on a doublé le nombre de têtes.
Que dire de la multiplication du piétinement qui provoque le ruissellement des eaux de pluie que le sol ne peut plus absorber. Ce piétinement qui détruit la pâture de nombreux pieds de fourrage…
Plusieurs pages encore seraient nécessaires pour énumérer tous ces méfaits que l’on veut nous cacher par ignorance ou par malhonnêteté.
Il y a surtout ce comportement insolent et grave, cet égoïsme récurent qui consiste à dire et faire ce qui comble l’intérêt personnel aux dépends du collectif.
Ce barrage, seul n’a aucun intérêt s’il n’est pas complété par un réseau de canaux de distribution. Dans l’estimation annoncée, je doute fort que ce poste soit compris.
Chacun d’entre nous sait qu’un tel plan d’eau est soumis à une évaporation très importante, une déperdition pénalisante.
A-t-on pensé au devenir des propriétaires situés en aval qui n’auront plus les mêmes débits et seront peut-être amenés à cesser leur activité?
Voilà quelques éléments qui démontrent la difficulté de concertation, chacune des parties campe sur ses arguments qu’il croit être les meilleurs.
Quant aux politiques, leur objectif est de satisfaire, par n’importe quel moyen ceux qui leur assurent un siège confortable.
J’ai un mauvais pressentiment, et pense que ce barrage ne verra pas le jour rapidement et peut-être jamais.
La nature restera dévastée parce que l’homme n’a pas su la protéger.
Mesdames, Messieurs les ruraux, continuez à faire l’autruche, demain vous aurez, en France, reconstitué le désert, son biotope.
Pas d’eau, mais des terres incultes.
Nous subissons tous le harcèlement de l’intoxication par l’imposture politique et médiatique orchestrée par le monde de la finance. BAYARD