~~Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent. Que sont-ils devenus ???
Voici le temps des cadeaux.
Je vous conseille ce petit ouvrage : l’ours et les brebis d’Etienne LAMAZOU. Edition de poche : Editions Payot &Rivages 106 bd Saint-Germain Paris VIe . En vous rapprochant de la librairie Mollat à Bordeaux, vous pourrez peut-être vous le procurer.
Mémoires d’un berger transhumant des Pyrénées à la Gironde. Pour ceux qui ont encore un peu de nostalgie et un peu de respect pour les valeurs essentielles, ils trouveront là matière à méditer. Ils comprendront peut-être que la vie de nos ancêtres n’a pas été des plus faciles. Certes notre génération n’est pas gâtée parce qu’elle a en plus à ses trousses le démon de la tentation et l’ignorance des valeurs essentielles.
A la lecture de cet ouvrage, simple et direct, j’ai reconnu ce que nos parents nous apprenaient encore au milieu du siècle dernier.
J’ai donc échangé avec Mr LAMAZOU, avant de faire sa connaissance, des courriers dont voici les deux principaux.
~~Le 12 novembre 1992,
Monsieur Etienne LAMAZOU,
Je viens de savourer, de déguster votre ouvrage, je vous remercie très sincèrement pour l’immense plaisir que vous offrez aux lecteurs amoureux de souvenirs naturels.
J’avais hâte de terminer un paragraphe pour avoir le plaisir de découvrir le suivant, tout en appréhendant l’arrivée de la dernière page.
A travers vos récits, je sentais revivre un peu de mon enfance vécue dans mon village natal des Hautes Pyrénées.
J’ai beaucoup apprécié l’éloge de ces valeurs morales, éduquées tout naturellement dans nos humbles demeures, valeurs qui étaient autrefois notre fierté ; s’effilochant au cours des années pour enfin disparaître.
En vous lisant, je revis cette enfance un peu dure mais combien agréable, cette enfance bien plus douce que la vôtre, évolution naturelle et progressive de notre esprit en perpétuel éveil.
Sans vous connaitre, votre ouvrage me permet de faire l’image de l’homme que vous devez être, dur à l’effort, dur avec vous-même, droit dans vos agissements, intransigeant sur le non-respect des lois, surtout celles édictées par les montagnards et éternellement présentes à l’esprit.
J’ai particulièrement retenu le rappel fait à cet automobiliste qui avait oublié les règles élémentaires de courtoisie et de partage des lieux.
Profondément attaché à sa famille, à sa maison, à ses amis, à ses bêtes, heureux de partager les rares instants de plaisir dans cette vie très laborieuse, voilà votre portrait.
Je vous remercie d’avoir insisté sur la cohabitation de l’ours et des bergers, il fallait mettre le doigt sur ce problème crucial qu’est le respect de la nature et des différents intervenants.
Le cœur bien gros, vous avez vécu la désertification de nos campagnes.
Je suis un de ces déserteurs ; bordelais d’adoption mais profondément enraciné à notre terre source de vie et de peines.
Quelle serait votre surprise si vous reveniez à Bordeaux avec le train !
A peine auriez-vous le temps d’avaler votre copieux et succulent casse-croûte que vous débarqueriez dans le nouveau palace de la gare St Jean, avec sa multitude de sorties où votre tante aurait bien des problèmes pour s’y retrouver.
La gare de Bordeaux Bastide, quelle désolation, totalement abandonnée, dévastée par ses occupants indésirables, défigurées comme certains coins de votre montagne pas une âme, mais livrée à des spéculateurs.
A mon arrivée à Bordeaux en 1958, j’ai vécu en gare de Libourne cette transhumance par voie ferrée, confus d’ignorer ces déplacements, je n’eus pas le loisir de prolonger une conversation qui s’annonçait fort intéressante.
En vain, j’ai cherché à situer ce village d’Adore qui vous accueillait pour l’hiver, mais hélas, peut-être a-t-il subi le même sort des villages Pyrénéens ?
Toutefois, j’aurais aimé le connaître. Votre ouvrage envahit ma tête de rêves, surtout celui de venir faire la connaissance d’Aydius (je préfère l’écrire plutôt que de le prononcer de crainte de me ridiculiser) mais, comme les transhumants, j’attendrai que le printemps revienne pour venir avec mon épouse.
Je voudrais évoquer plus longuement tout un tas de détails, vos moyens de culture, vos marchés à Bedous, vos foires, vos travaux dans les champs, vos fenaisons et que sais-je encore ? J’espère que vous pardonnerez mon audace d’avoir osé vous déranger dans la contemplation de ces paysages, dans vos pensées et vous prie d’accepter mon humble remerciement pour tant de plaisir que vous m’avez offert.
MERCI, Monsieur LAMAZOU.
~~ AYDIUS le 24-11-92
Monsieur Dubau,
Je vous remercie de votre charmante lettre que j’ai bien reçue et vous remercie également pour le plaisir que vous avez eu à lire mon livre. Je suis heureux que ces modestes pages fassent plaisir à quelqu’un, et surtout vous qui êtes né en montagne dans un département voisin du nôtre. Ou la vie devait être difficile comme chez nous au début du siècle.
Merci également pour les cartes que vous m’avez envoyé et qui démontrent que la gare ST JEAN n’a plus rien à voir avec celle que j’ai connue en 1913.
Ne cherchez plus ce village d’Adore. Il n’existe pas. N’ayant pas mis de nom, c’est l’éditeur qui a dû trouver amusant de mettre ce nom pour faire chercher les gens.
J’ai débarqué à CREON, au village de BAUDIN, pour ne plus y revenir à cause de la guerre de 1914.
Si vous venez à AYDIUS, je serai très heureux de faire votre connaissance et pour cela permettez-moi de vous donner quelques renseignements .
AYDIUS se trouve à 6,5 kms de BEDOUS, vous y trouverez un restaurant qui a des chambres à louer, si vous voulez rester le soir, mais il faudra téléphoner pour savoir si elles sont libres. Voici son nom et son n° de téléphone CASTEIGNAU Paulette 59347025.
Au plaisir donc de vous revoir.
Recevez cher Monsieur, l’assurance de mes meilleurs sentiments.
E. LAMAZOU