Comme un cheveu dans la soupe !!!

Je ne sais par quel miracle je suis né dans ce jardin parmi ces hautes herbes qui m’étouffent.

C’était certainement mon jour de chance parce que le jardinier m’a identifié comme étant un arbre fruitier.

Avec ses mains, il m’a délicatement débarrassé des herbes.

Je suis un arbre fruitier, mais que fais-je en ce lieu ?

La nature, mon domaine de prédilection fait bien les choses.

Mon implantation ne dérange personne, je m’aligne parfaitement avec mes aînés qui me prennent sous leur protection.

Je peux vous dire que ma mère s’appelle<POMME>, quant à mes nombreux pères inconnus je l’ignore.

D’après ce que ma mère en dit ils seraient pervers donc peu fréquentables.

Ils ont abusé de ma mère pour faire de moi un pommier génétiquement modifié.

Par cela, je suis un spécimen précoce.

Dix ans à peine et porte déjà de nombreux fruits d’une taille démesurée pour un arbre qualifié jadis de sauvage.

Ces derniers, produisaient parfois des fruits de très petite taille. Il fallait les enter pour qu’ils produisent des fruits.

Ma production précoce est le présage d’une vie de courte durée, à l’image de ces nouveaux nés à qui l’on vole leur enfance.

Ainsi vont les idées diaboliques de ces scientifiques qui ne mesurent pas la grandeur des risques engendrés par leurs manipulations.

J’ai la chance d’être bien traité et accepté avec mes qualités et mes défauts.

Mes fruits sont tâchés comme des humains âgés, ou habités par des parasites, mais cela ne dérange pas mon jardinier.

J’ai la chance de recevoir en visite les coccinelles qui me débarrassent des pucerons, les oiseaux aux chants mélodieux qui construisent leur nid sur mes branches.

Tout serait un immense bonheur si je n’étais pas hanté par ces substances inoculées à ma mère.

Toutes ces particularités me gênent et je maudis ces êtres corrompus par l’argent facile. J’adresse mes louanges à ceux qui s’opposent à ces ignobles pratiques.

Ode à mon jardinier.

Dans ton jardin tu m’as accueilli,

C’est pour moi un merveilleux paradis.

Avec tes mains expertes,

Tu as éliminé celles qui voulaient ma perte.

Pour cela je te remercie,

Accepte en échange mes modestes fruits.

Une année bonne et l’autre non,

Donne- moi pour cela ton généreux pardon.

Je perdrai mon habit de feuilles à l’automne,

Nu dans ton jardin ce sera bien monotone.

Je te verrai moins souvent, j’aurai du chagrin,

La vie est ainsi faite, à chacun son destin.

Le printemps me couvrira de belles fleurs blanches,

Je serai beau et les oiseaux nicheront sur mes branches.

Il faut garder espoir pour savoir vivre sa vie,

Ce bonheur, c’est grâce à toi mon ami.

Bayard.