~~La SALAMANDRE. Quand j’étais enfant, ce batracien inoffensif peuplait les forêts et les zones humides couvertes de feuilles mortes qui lui servait de refuge. Ainsi, à l’abri de la vue des prédateurs elle restait cachée toute la journée. C’est très souvent qu’elle nous surprenait lors de la cueillette de champignons. Malgré qu’elle soit inoffensive, ses couleurs vives de noir et de jaune ou de noir et de rouge m’intimidaient. Je m’éloignais après l’avoir recouverte de ces feuilles mortes qu’elle appréciait. Ainsi faisait tous ceux qui la rencontrait, ce geste participait à sa protection. Hier au soir un violent orage s’est abattu sur notre commune, cette montée rapide des eaux a pu la déranger au point de venir s’échouer sur le trottoir qui borde notre demeure. C’est là que mon épouse l’a trouvée inerte mais vivante. Cela faisait bien quarante ans que je n’en voyais plus. Après avoir immortalisé son image avec mon appareil photo, je l’ai délicatement cachée dans son lit préféré, souhaitant que cette cachette lui garde la vie sauve pour longtemps. Voilà encore une espèce en voie de disparition, parce que la mécanisation des travaux agricoles est l’un des terribles prédateurs et également par l’homme qui trop souvent la prend pour un reptile et la détruit. Ainsi nous nous acheminons à grands pas vers une nature désertique. Nos scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme, certainement inaudible parce que personne ne veut prendre les dispositions indispensables à la survie des espèces dont nous sommes. Il faut à présent sonner les grosses cloches, mais n’est pas plus sourd que celui qui ne veut rien entendre. Depuis mon retour vers le monde rural, je constate impuissant à la disparition des abeilles, des mouches, des boudons, des frelons parce que pesticides, herbicides détruisent sans sélection. Pourquoi avoir recours à toute cette chimie alors que la nature sait elle-même réguler le système. Humains ou animaux, nous sommes soumis aux mêmes règles dictées par la logique naturelle