MURMURES de l'ENGRANNE
A GORNAC, entre deux bras de mer
Je sors de terre comme un ver
A ma naissance un nom m'est donné
ENGRANNE voila mon identité.
Certes je ne suis qu'un petit ruisseau
Mais tous mes hôtes me trouvent beau.
Ici commence mon aventure
Dans ce magnifique cadre de verdure.
Doucement sur ces flancs je serpente
Choisissant mon tracé en légère pente.
Mon tempérament d'intrépide
Me jette parfois dans le vide.
Des petits rus viennent dans mon lit
Pour batifoler en traversant les prairies.
A moi les plus belles parures
Que nous offre notre merveilleuse nature.
De ma hardiesse je m'étonne
Je ne crains pas l'homme qui bougonne.
Ce brin d'herbe que j'ai désaltéré
Durant ce torride été
Vers moi se penche
Pour me remercier d'une révérence.
Dans mon onde immaculée
Le poisson scintille par son corps argenté.
Dans ce monde je rêve et je flâne
Moi la rivière ENGRANNE.
Mais jamais belle aventure
Très longtemps ne dure.
L'homme a vite compris
Qu'il fallait utiliser mon énergie.
En ce temps la, il était encore raisonnable
N'attendait de moi qu'un effort acceptable.
Pour alléger sa peine,
Améliorer sa condition humaine,
De nombreuses machines il inventa
Pour reposer un peu ses jambes et ses bras.
Son blé il fallait moudre,
Faire de ce grain une fine poudre.
Un moulin il fabriqua
Que mon onde sa roue entraîna.
Plus loin dans la scierie les grumes je débite
Pour qu'une table il fabrique.
Puis mon aventure reprend son cours
Avec le gai murmure de mes discours.
Avec mon cœur généreux,
J'ai rendu cet homme un peu plus heureux.
Que reste-t-il à faire
Pour que la vie enfin s'éclaire,
Traverser une turbine
Et obtenir une lumière divine.
J'ai fais là l'essentiel
Pour mériter un petit coin de ciel.
Mais voila qu'aujourd'hui s'envolent mes espérances
Les nouveaux hommes n'ont ni cœur et conscience.
Mais qui sont ces êtres sans prestance
Qui n'ont d'yeux que pour la finance.
Pourquoi donc ils me méprisent,
Moi qui de cette vallée suis fortement éprise.
Je passe outre ce mépris,
Sur ce parcours, mon devoir j'accomplis.
N'en déplaise à ces mauvaises gens,
Je serai toujours là, qu'eux seront morts depuis longtemps.
Jadis de mon eau pure,
J'arrosais les vertes pâtures.
Tout cela est fini à présent,
Tous les poisons sont dedans.
Toi la V. E. N tu aimes ma nature,
Alors sort moi de cette mauvaise posture.
Respects.